Je me laissais dompter par ses caresses tout le long de mon corps. Je me laissais bercer par son cri qui retentissait sur le murmure des vagues. Le sable nous servait de duvet et la voûte céleste de drap. Ce drap était parsemé de myriades d’étoiles qui étaient les garants de notre amour. A l’horizon, la Lune s’élevait, et sa luminosité semblait croître en harmonie avec notre jouissance. Nous nous ébattions d’une manière idyllique, enivrés par la chaleur de nos deux corps blottis .
Je parcourais son corps que je voulais apprendre par cœur.
Les mains ont une sacrée mémoire : elles se souviennent des formes, des moindres soubresauts. Elles mémorisent les sons qui accompagnent si divinement ses gestes, ses moindres mouvements, ses sourires, son regard dans lequel je me pâmais sans réserve, sans retenue.
Ses yeux étaient d’autres lunes, ses sourires d’autres soleils. J’observais avec félicité le mouvement de ses lèvres qui me parlaient en silence. Le bruissement des feuilles accompagnaient ce cri si pur, si sincère de celle que, comme jamais, je voulais rendre heureuse.
Il n’y a pas si longtemps, je l’avais vue pleurer, et ses larmes m’avaient attendri d’une manière inédite. J’avais perçu toute sa détresse d’enfant sensible et meurtrie par des êtres qui n’avaient su la comprendre et qui l’avaient utilisée d’une manière atroce.
Cette femme dont le charisme est si poignant, dont les gestes sont si délicats, dont les épaules sont à la fois frêles et fortes : fragilité due à cette sensibilité si inactuelle, force due à cette sensibilité si pure, si profondément développée.
Elle est cette rose que je cherchais dans le cimetière qui accueille l’Amour humain, tué par les rapports de force et les conflits. Elle est cette fleur que j’ai décelée à l’aurore, encore humide des larmes du matin.
Elle est cette anémone que j’ai cherchée dans des mers de déréliction pendant si longtemps.
Ses ailes sont malades et chacun de ses langoureux cris, notes jouées sur l’instrument de notre amour, est signe d’un renouveau, d’une étape franchie dans la guérison.
Nous nous endormirons et je pourrai veiller sur son être et déguster le merveilleux spectacle de sa paix retrouvée sur la scène de son visage et de ses lèvres au teint cerise, que j’ai dégustées avec la plus grande bonhomie et la plus noble lenteur, dans la violence solennelle de l’élan qui m’a poussé vers elle, cette femme que je cherchais.
Quand ses ailes seront de nouveau fortes et capables d’embrasser les airs, nous nous envolerons ensemble jouir d’un horizon de candide simplicité, dont la porte est dévoilée chaque matin furtivement par l’Aurore, convaincue que je suis digne d’y entrer avec celle qui est désormais à mes cotés.
Mais avant d’atteindre l’horizon, il nous faut affronter d’autres tempêtes, et je dois être l’aigle dont l’aile abritera cette fragile colombe, et elle doit être la source jaillissante qui me permettra de continuer, qui m’empêchera d’abandonner.
Nos cœurs sont des vases chinois, aux multiples figures, à la stature forte, mais à la fragilité intrinsèque. Ainsi sont toutes les belles choses, ainsi faut-il être vigilant pour les préserver...