Une guêpe gît dans un verre plein de liquide. Une cuiller y baigne, la tige appuyée sur le bord. La guêpe semble prise au piège : imbibée, elle est trop lourde pour faire de grands mouvements. Pourtant, elle parvient à bouger et lentement semble se diriger vers la tige, cette main de la dernière chance. Elle s’y agrippe par les pattes de devant. Son corps sort peu à peu du liquide qui lui semble être de la vase.
Il ne reste plus que le dard à extraire de ce qui est pour elle un marécage. Elle a réussi à en sortir et évolue à grand-peine sur la partie émergée de la cuiller, s’agrippant aux motifs gravés. Ses élytres s’agitent, comme pour se purger de tout ce liquide qui l’alourdissait, et qui les gonflait comme des éponges. Sa petite tête remue. Elle semble prête, mais reste là, sur ce roseau salvateur, rigide et impassible. Trop fière d’avoir réussi, peur de tomber au premier envol ? Le doute est permis.
Nous nous regardons. Qu’y-a-t-il derrière ces yeux impénétrables : de l’agressivité due à la rancœur, une simple absence de sentiments ? L’imagination est permise.
Cette guêpe sortie du liquide a-t-elle vraiment existé ? Quel est ce liquide dans lequel elle s’est envasée ? Le rêve était permis...